Après la lecture peut être indigeste mais ô combien instructive du projet TAFTA, voici en résonance la lecture de Loué sois-tu.

Oui, résonance, car les paroles du Pape viennent confirmer, pas seulement avec des paroles qui ressemblerait à un sermon , mais avec une analyse froide et en même temps humaine, des contacts irréfutables qui englobent tout ce qui fait notre humanité, que notre planète n’a rien à gagner à dévier et à faire ou laisser dévier une politique globale qui ne serait qu’au profit du plus fort.

 

Je vous donne ci-dessous de brefs passages :

 

Aujourd’hui croyants et non croyants, nous sommes d’accord sur le fait que la terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. Pour les croyants cela devient une question de fidélité au Créateur puisque Dieu a crée le monde pour tous. Par conséquent toute approche écologique doit incorporer une perspective sociale qui prenne en compte les droits fondamentaux des plus défavorisés. Le principe de subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens et, par conséquent, le droit universel à leur usage, est une règle « d’or » du comportement social, et « le premier principe de tout l’ordre éthico-social ». La tradition chrétienne n’a jamais reconnu comme absolu ou intouchable le droit à la propriété privée, et elle a souligné la fonction sociale de toute forme de propriété privée. Jean Paul II a rappelé avec beaucoup de force cette doctrine en affirmant que « Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour qu’elle fasse vivre tous ses membres, sans exclure ni privilégier personne ». Il a souligné u’un « type de développement qui ne respecterait pas et n’encouragerait pas les droits humains, personnels et sociaux, économiques et politiques, y compris les droits des nations et des peuples, ne serait pas non plus digne de l’homme ». Avec une grande clarté, il a expliqué que « l’Eglise défend, certes, le droit à la propriété privée, mais elle enseigne avec non moins de clarté que toute propriété privée pèse toujours une hypothèse sociale, pour que les biens servent  à la destination générale que Dieu leur a donnée ». Par conséquent, il a rappelé qu’il « n’est pas permis, parce que cela n’est pas conforme au dessein de Dieu, de gérer ce don d’une manière telle que tous ces bienfaits profitent seulement à quelques uns ». Cela remet sérieusement en cause les habitudes injustes d’une partie de l’humanité..

Le riche et le pauvre ont une égale dignité parce que « le Seigneur les a faits tous les deux », « petits et grands, c’est lui qui les a faits », et « il a fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons ». Cela a des conséquences pratiques comme celles qu’ont énoncées les évêques du Paraguay : « tout paysan a le droit naturel de posséder un lot de terre raisonnable, où il puisse établir sa demeure, travailler pour la subsistance de sa famille et avoir la sécurité de l’existence. Ce droit doit être garanti pour que son exercice ne soit pas illusoire mais réel. Cela signifie que, en plus du titre de propriété, le paysan doit compter sur les moyens d’éducation technique, sur des crédits, des assurances et la commercialisation ».

 

Plus loin :

 

On a tendance à croire que « tout accroissement de puissance est en soi « progrès », un degré de plus haute de sécurité, d’utilité, de bien-être, de force vitale, de plénitude des valeurs », comme si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même. Le fait est que « l’homme moderne n’a pas reçu l’éducation nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir », parce que l’immense progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience. Chaque époque tend à développer peu d’auto conscience de ses propres limites. C’est pourquoi, il est possible qu’aujourd’hui l’humanité ne se rende pas compte de la gravité des défis qui se présentent, et « que la possibilité devienne sans cesse plus grande pour l’homme de mal utiliser sa puissance » quand « existent non pas des normes de liberté, mais de prétendues nécessités ; l’utilité et la sécurité ». L’être humain n’est pas pleinement autonome. Sa liberté est affectée quand elle se livre aux forces aveugles de l’inconscient, des nécessités immédiates, de l’égoïsme, de la violence. En ce sens, l’homme est nu, exposé à son propre pouvoir toujours grandissant, sans avoir les éléments pour le contrôler. Il peut disposer de mécanismes superficiels, mais nous pouvons affirmer qu’il lui manque aujourd’hui une éthique solide, une culture et une spiritualité qui le limitent réellement et le contiennent dans une abnégation lucide ».

 

Et enfin dès le premier quart de l’encyclique :

 

« Il devient indispensable de créer un système normatif qui implique les limites infranchissables et assure la protection des écosystèmes, avant que les nouvelles formes de pouvoir dérivées du paradigme techno-économique ne finissent par raser non seulement la politique mais aussi la liberté et la justice. .. La soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèle dans l’échec des Sommets mondiaux sur l’environnement. Il y a trop d’intérêt particuliers, et très facilement l’intérêt économique arrive à prévaloir sur le bien commun et à manipuler l’information pour ne pas voir affectés ses projets…L’alliance entre l’économique et la technologie finit par laisser de côté ce qui ne fait pas partie de leurs intérêts immédiats….

Ce texte intitulé « loué sois-tu » est d’une actualité et d’une jouvence extraordinaire. Il coûte peu d’argent et peut être commandé dans toutes les bonnes librairies ; peut être le trouvera-t-on à la médiathèque… !!

Les Nations Unies, qui ont reçu le Pape qui s’y est fait le chantre et le défenseur de l’écologie globale, ne pourront pas dire : «  nous n’avions pas vu l’aspect global de la protection du bien commun « .

 

Nous voyons malheureusement sous nos yeux que les tractations en cours, comme un écran de fumée, sont loin de s’insérer dans cette réflexion du bien commun de la totalité de la planète. Pire, il y a lieu de penser qu’en ce domaine comme dans tous les domaines, les lobbies vont réussir le tour de force de le « financiariser » à outrance, pour le profit et la corruption de quelques uns, au détriment de l’ensemble de l’humanité.

 

Quand « ceux d’en haut » prendront conscience que nous y voyons clair.
Quand oserons-nous leur parler clair comme le Pape et leur dirons-nous : stop. Arrêtez votre cirque !