Lutte contre la dette, plan d’austérité, ou encore règle d’or !

 

Peut être ! Mais voyez plutôt... si,.quand le Président joue au train, il pense règle d’or, lutte contre l’endettement ou à (s)’appliquer la plus extrême rigueur..

 

Il vient d’inaugurer la ligne à grande vitesse DIJON-BELFORT : oui mais pour cela c’est avion et bagnole : un falcon 7X pour se rendre à DIJON (263KM vol d’oiseau). Puis sur le tarmac il s’engouffre dans une voiture blindée, arrivée par la route, pour finir les 18 km qui le séparaient de la gare de Genlis.

 

Sur ce parcours, tous les services de l’état étaient mobilisés depuis plusieurs jours. Pour ne pas briser l’âme sensible du président toutes les banderoles  de protestation contre les fermetures de classes ont été déposées, le souterrain qui habituellement empeste l’urine avait été désinfecté et fleurait bon le parfum chic.


Dans la rame présidentielle de sept voitures se pressaient plusieurs ministres dont celui de l’environnement ( !) et des caciques locaux bien triés. Arrêt de 25 minutes à la nouvelle gare TGV, près de Besançon. Un rapide discours, un coup de ciseau et hop, en voiture pour le clou de la journée à Belfort inauguration de la nouvelle LGV, un tronçon de 140km. Sur chacun des 160 ponts que compte le parcours (oui vous avez bien lu 160 ponts plus d’un par km) deux pandores. Compte tenu des centaines de flics que mobilise déjà le moindre battement de cils du chef de l’état, des brigades motorisées ont été appelées en renfort, et des réservistes de la gendarmerie réquisitionnés à prix d’or.

 

La SNCF a vu les choses en grand : une centaine d’ouvriers se sont activés jour et nuit durant une semaine : un boogie de sept tonnes a été amené depuis Le Creusot par convoi spécial et une grue louée pour le déposer. Tous les ouvriers sont rassemblés en bleu de travail, mais Sarkosy s’agace et demande « où est mon photographe ? ».
Un autre TGV a été amené là en surplomb, juste pour la déco, et pour que chacun puisse voir cette merveille, ordre a été donné aux petites mains d’abattre un mur de 5 m de haut.
Sur l’estrade, dans le hall de la gare, 11 enceintes ont été disposées pour amplifier la forte parole présidentielle, 17 spots pour illuminer sa pensée, 15 écrans plats pour magnifier son image.

Un cocktail classe est servi au invités au nombre de 2 300. Le meilleur traiteur de Strasbourg a été sollicité : ses cakes saumon sauce morille, ses poissons, ses viandes tendres, ses petits fours, champagne, bons pinards à volonté.. Encore des écrans plats, clim, lampadaires allumés en plein jour sur une terrasse aménagée et fleurie pour les claustrophobes…

Quant au président, sitôt son discours terminé, il a filé : voiture pour 41 km qui séparent Belfort de Luxeuil, et re-falcon 7 X ((7 800 € de l’heure) jusqu’à Paris. Où il atterrissait

 alors que s’achevait le débat à l’Assemblée sur le plan d’austérité …et non pas de rigueur…

 

Voici donc de quoi réfléchir à partir de cet extrait du canard enchaîné paru mercredi

 

Savoir encore que ni l’état, ni les régions, ni RFF n’ont plus les moyens de construire les lignes LGV. D’où les partenariats PP (public-privé). Les investissements sont répartis entre l’état, les collectivités RFF et le privé, mais seul le privé touchera les dividendes. Ainsi la ligne Tours Bordeaux est le plus grand contrat PPP conclu à ce jour en EUROPE, avec un montant de travaux de 6,8 milliards d’euros. Le public fournit les 2/3 du financement, le privé 1/3, ici VINCI. Mais seul VINCI s’est vu attribuer 100% des recettes. Ce qui veut dire qu’à chaque fois qu’un TGV empruntera la ligne Tours Bordeaux, le péage dont il s’acquittera tombera dans l’escarcelle de la seule VINCI. Le public et RFF ont donc financé à fonds perdus.

Seule la présidente de Poitou Charente, Mme ROYAL, a refusé de participer au financement à fonds perdus, a proposé, éventuellement, un prêt remboursable du montant de sa participation estimée, ce qui n’a pas été accepté. Bien entendu tous ses collègues de gauche Présidents des Conseils Régionaux concernés, lui sont tombés dessus, lui reprochant de torpiller le projet….

 

Les conséquences de cette politique de prestige, à court terme et à long terme donnera :  une addition alourdie par les marges des concessionnaires et une augmentation immédiate des prix de billets de l’ordre de 15 à 20%.

C’est l’histoire des autoroutes données à des concessionnaires qui se renouvelle, ou des prisons etc..

 

Vous avez bien entendu règle d’or.. oui mais l’or pour les copains et les coquins !

 

Lire l’excellent livre de Marc Fressoz «  F.G.V, faillite à grande vitesse » au Cherche-Midi, à paraître le 22 septembre, déjà coauteur du livre à succès « SNCF, la machine infernale »