Adressée par le chanteur grec, ALKINOOS IOANNIDIS, d’origine chypriote.

 

« Je vous écris depuis, un pays de la périphérie de l’Europe qui lutte aujourd’hui pour sa survie et sa dignité : la Grèce. Mon pays se débat Au sein d’une Europe froide et anti-européenne.


Les Grecs vivent depuis quelques années dans une colonie moderne, spoliés par des politiciens corrompus et des chefs d’entreprise véreux. Mais, pour chaque corrompu, il y a aussi un corrupteur. Les grandes puissances européennes, entre autre autres, ont imposé la corruption dans notre pays. Le déclin de la Grèce profite aux secteurs des

télécommunications, de la défense et du bâtiment en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France et ailleurs. Il sert également les intérêts des gouvernements de ces pays, qui s’enrichissent et dont l’économie profite du revenu des Grecs.


Le système politique grec a fait taire les critiques économique en distribuant les pots de vin et toléré la fraude fiscale des puissants. Chaque voix dissidente a été bâillonnée ou taxée de naïveté. Les Jeux Olympiques d’Athènes, en 2004, ont été l’ultime façade, le banquet final d’un pays dont les ressources sont systématiquement aspirées par la quête du profit.

Ce sont ceux-là même qui ont engendré et alimenté cette situation qui ont ensuite cherché à « sauver » notre pays en appelant à l’aide la Banque Centrale européenne, l’Union européenne et le Fonds monétaire international. La Troïka était née.

 

Cette entité informelle non élue est juridiquement responsable devant le Parlement européen démocratiquement élu. Et c’est elle qui a effectivement gouverné la Grèce pendant cinq ans. C’est elle qui a administré et appliqué des mesures d’austérité brutales pour régler nos problèmes de dette.
Mais qui paye véritablement cette dette ?Le peuple grec.

 

Un peuple qui, comme le prouvent les chiffres officiels, travaille plus dur que la plupart des autres peuples de l’Union européenne, et qui, pourtant, continue d’être accusé de paresse et de fraude. Les mesures économiques qui ont été imposées à la Grèce sont parfaitement inefficaces. Elles n’avaient pour finalité de remédier à la fraude fiscale et à la corruption des entreprises , ni de promouvoir la croissance économique. Elles étaient au contraire ancrées dans l’austérité, dans une destruction d’emplois systématique et catastrophique, dans une réduction drastique des salaires et des retraites, dans une forte augmentation des impôts pour les travailleurs.


Durant les cinq années où le pays est resté sous le joug de la troïka le chômage a progressé, pour atteindre  officiellement 27% ; le chômage des jeunes avoisine, lui, 60%. Un Grec sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté. Notre dette publique atteint presque 180% du PIB. Et de nouveaux prêts ont été proposés à l’Etat grec pour lui permettre de rembourser les emprunts en cours, générant de nouvelles dettes que nous ne pourrons jamais honorer. Quel sera notre salut ?

 

On nous demande de nous priver de nourriture pour éponger les dettes contractées par une minorité riche et puissante, non seulement en Grèce, mais aussi à l’international. Le nombre de suicides grimpe en flèche. Des gens qui ont une assurance maladie, qui ont payé des impôts toute leur vie meurent faute de pouvoir s’offrir le médicaments et les traitements dont ils ont besoin et auxquels ils auraient droit. Des malades non assurés et sans emploi meurent sans ressources. Des enfants s’évanouissent à l’école parce qu’ils ne mangent pas à leur faim. Le désespoir ne cesse de grandir. Les néonazis d’Aube Dorée arrivent en troisième position aux élections. Tout cela se passe dans l’Europe de 2015. Et la dette s’alourdit.

 

Il y a quelques jours, la Grèce a choisi l’espoir plutôt que la peur. Malgré les propos largement alarmistes qu’ont tenus les médias et les dirigeants étrangers qui ont fait pression sur nous afin que nous votions une fois de plus pour les responsables de la catastrophe économique, le peuple a choisi un gouvernement déterminé à se battre pour les droits et le bien-être non seulement des citoyens grecs, mais de tous les citoyens européens.


Les Grecs ne veulent pas que l’argent des contribuables européens finissent dans les coffres des banques et des institutions qui sont à l’origine de cette crise. Il est hors de question qu’elles en profitent deux fois. Nous sommes un petit pays. Nos pouvoirs sont limités. Notre voix n’est pas forte. Nous n’avons pas beaucoup d’alliés dans notre lutte. Mais la justesse de notre cause, notre aspiration à la dignité , notre espoir d’une Europe humaine, le soutien de nos amis qui comprennent ce qui se passe vraiment nous donnent la force de continuer d’avancer et de continuer d’espérer.


Je vous demande, par vos créations, par le pouvoir de vos chansons qui sont les armes de notre art depuis des siècles, et également par votre parole , par vos mots, par votre présence sur la scène publique, de vous lever par la solidarité avec la lutte urgente, difficile, digne et juste que mène le peuple grec, et qui est également celle de tout citoyen européen. »

 

Les politiques économiques et sociales européennes menées depuis plus d’un lustre maintenant, auront toutes les mêmes conséquences qu’on veuille le reconnaître ou non.

Il me semblait donc utile de mettre ce courrier dans votre boîte aux lettres au nom de la solidarité pour le peuple grec.

 

La plus grande des trahisons le peuple des électeurs de gauche vient de la vivre en France aux dernières élections présidentielles. Au sein de ce peuple des voix s’élévent pour attirer l’attention sur les conséquences tant politiques  économiques et sociales de cette trahison.

 

Après cela personne ne pourra dire : si on avait su.