En  préambule, il est bon de rppeler que retraite, indemnité de chômage ou maladie sont des salaires différés constitués par des cotisations qui s'apparentent à un épargne à long terme solidaire et transgénérationnelle.

le financement des retraites ne représente qu'une partie d'une interrogation plus générale. Celle-ci est essentielle et doit porter sur la répartition de la plus-value produite par l'activité économique (d'où notion de salaire ci-dessus rappelée).

Au regard de cette interrogation, l'âge de départ n'est en fait qu'une diversion du gouvernement qui en fait un point de cristallisation pour détourner le débat du vrai sujet qui touche à l'essentiel : le partage des richesses, ou plus encore, l'insupportable injustice que constitue le partage actuel des richesses.

Quelques chiffres pour soutenir cette réalité :

- en juillet 2007, la Banque des réglements internationnaux relevait : " la part des profits est inhabituellement élevée et la part des salaires inhabituellement basse. L'amplitude de cet éventail n'ont pas de précédents dans les 45 dernières années"

- en 2007 encore, la Commission Européenne calculait que la part des salaires dans l'économie française est passée de 66,5% en 1982 à 57,2% en 2006, soit une baisse de 9,3 points de la richesse totale du pays.

- en 1982 , salariés et chômeurs représentaient 84% de la population active et se partageaient 66,5% de la richesse. Aujourd'hui, ils représentenet 92% des actifs, mais seulement 57% de la richesse totale. Non seulement la part des travailleurs dans la répartition des richesses s'est réduite, mais elle est divisée par un plus grand nombre.

- depuis 1982, la richesse créée par actif a augmenté de 30%. Comment expliquer cette situation ? les gains de productivité réalisés par le travail ont été accaparés par le capital. La part du travail dans la répartition des richesses créées est passée de 74,08% entre 1974/1984 à 67,54% pour les années 1997/2007 : ce qui représente une perte aujourd'hui entre 80 à 170 milliards d'euros par an pour le salariat.

- mais encore ! En 1990, 75% de la part du capital étaient destinés aux investissements. En 2007, ce chiffre est tombé à..57%. La part de l'actionnariat, elle, a grimpé de 22% à 36%, soit une hausse de plus de 50% !

Porter ce débat, le seul qui vaille aujourd'hui, c'est refusé de se laisser enfermer comme des débutants dans la controverse absolument stérile (les chffres ci-dessus le démontrent amplement) de l'âge de départ à la retraite ou encore moins dans celle, absurde, de la pénibiité (néologisme grotesque pour évoquer le caractère pénible d'un métier, comme s'il était possible d'édicter des critères objectifs du ressenti personnel face à son travail).

L'âge de départ à la retraite, ou même la durée de cotistion, ne réglera en rien la question du finacement des retraites ; c'est souligné d'ailleurs d'une façon tout à fait explicite par beaucoup d'observateurs sérieux.
Si l'on considére en outre l'âge de cessation d'activité qui est de 58,9 ans, le seul effet du recul de l'âge de départ laissera les seniors sur le bord de la route et aggravera la situation des caisses de chômage ou de maladie d'autant.

A travers ces dispositions dont on veut nous faire croire qu'elles sont les seules possibles, c'est un appauvrissement du niveau de vie en Europe au Japon et aux Etats Unis et son alignement sur les pays émergeants : en un mot nous sommes les otages d'une mondialisation de la précarité voulue par les néo libéralitstes qui sont à l'oeuvre aujourd'hui à travers la spéculation contre l'Etat, pour saper ses bases en pariant sur le fait que les populations courberont une fois encore l'échine.

Cette spéculation s'est d'abord attaquée aux pays d'Europe gouvernés par la gauche et/ou qui possédent une protection sociale gagnée de haute lutte au fils des décennies, pour faire renoncer à ce lien social. Et nos gouvernants, quelqu'ils soient se prêtent au jeu, à leur façon (Française, allemande,anglaise etc..) en ordre dispersé pour augmenter le trouble, et faire nous céder devant  la panique, sûrs qu'ils sont eux, que le capitalisme saura les récompenser et les mettre à l'abri.

Ce qui est donc bien recherché par les ultra libéraux c'est l'uniformisation d'un niveau de vie au niveau global à la faveur d'un rééquilibrage organisé à travers les "délocalisations" dans monde vers les pays émergeants comme la Chine ou l'Inde ou le Brésil qui savent négocier en même temps la délocalisation/importation àmoindre frais des savoirs. C'est sans doute aussi la conséquence de la fin de la croissance à crédit qui a été le mode de développement de l'occident.

Cette perspective est peut être inévitable voire souhaitable. Mais elle n'est soutenable qu'à la condition d'un rééquilibrage dans la répartition des richesses à l'intérieur des sociétés occidentales. Encore que !
Or malgré les beaux discours de nos gouvernants français, notamment, c'est précisemment ce qu'ils veulent empêcher  puisqu'ils n'ont pas encore fait la démonstation qu'ils n'étaient plus au service des plus privilégiés.

C'est donc bien de cela qu'il s'agit dans ce débat sur les retraites et non d'autre chose. Ceux qui se disent opposés aux discours et projets du gouvernement, doivent se situer sur ce terrain là s'il veulent être crédibles et surtout utiles aux intérêts de ceux qu'ils disent vouloir défendre. C'est la seule planche de salut à long terme de notre modèle social héritage de nos anciens au fil des décennies depuis la moitiè du 19° siècle, en s'opposant inlassablement à la bourgeoisie libérale.