Ceux qui lisent ce site, ne peuvent avoir aucun doute sur le fait que, pour moi, le vote LE PEN est radicalement exclu.

Cependant je suis étonnée de ce déferlement médiatique qui voudrait culpabiliser, les abstentionnistes, les votes blancs.

Je suis aussi étonnée que ce même déferlement médiatique n’ait pas retenu la « leçon » sur la façon dont s’est déroulée la campagne en Angleterre qui a abouti sur le Brexit ou en Amérique à l’élection de TRUMP !

Parce que tout est dit dans le texte qui suit, je crois utile de le soumettre à votre réflexion !

 

Monsieur Macron,

 

Le 23 avril, nous avons voté Hamon, Mélenchon, Poutou, Arthaud. Nous faisons partie de ces 27,67% d’électeurs d’une gauche socialiste rénovée, de la France insoumise, de la gauche anticapitaliste, sans qui vous ne serez jamais élu le 7 mai. Nous ne nous sommes pas reconnus dans votre personne. Nous ne nous reconnaissons pas dans vos revenus pharaoniques et les risques que vous auriez pris, alors que nous trimons ou avons trimé pour décrocher un CDI et fonder une famille. Nous ne nous reconnaissons pas dans les réseaux de parrains, de mentors et think tanks qui vous ont ouvert toutes les portes et qui attendent la monnaie de leur pièce. Nous ne nous reconnaissons pas dans les mercenaires de la politique qui accourent vous faire des offres de services, et sans qui vous ne pourrez pas gouverner longtemps. Nous ne distinguons pas une stature présidentielle dans l’absence d’obstacles, d’échec et de travail concret que votre vie raconte. Dans votre démission tapageuse, alors qu’on vous a fait l’honneur et la grâce de vous nommer ministre pour servir la République. Dans l’orgueil qui est le vôtre d’être Président ou rien. Nous ne reconnaissons pas une presse pluraliste dans les médias dominants qui vous ont consacré des dizaines de unes depuis deux ans, au détriment des autres candidats. Nous ne souhaitons pas devenir milliardaires car, pour nous, un milliardaire est quelqu’un qui a échoué à reconnaître ce qu’il doit aux autres, le parfait symptôme d’une société d’inégalités. Et vous nous donnez déjà trop l’image d’un gagnant au loto de la politique.

Nous ne reconnaissons pas une grande modernité dans une présidence « jupitérienne » qui rétablira les chasses présidentielles, les ordonnances, réduira l’activité législative à trois mois par an. Nous ne nous reconnaissons pas dans un Charles De Gaulle sans la Résistance, d’un Mitterrand sans l’éloquence, d’un Rocard sans l’intelligence. Nous ne nous reconnaissons pas dans votre joie indécente au soir du premier tour où a triomphé l’extrême droite, nous n’avons que faire de voir votre conjointe ni de vous entendre exalter l’exigence de l’optimisme et de la voix de l’espoir. Nous ne nous reconnaissons pas dans le mode de scrutin de l’élection présidentielle qui élimine sans nuances, favorise des candidatures aventureuses comme la vôtre et impose des choix impossibles. Nous ne nous reconnaissons pas dans votre amour du nucléaire comme génie français, alors que bien des pays voisins n’y voient qu’un danger pour l’Europe. Nous ne nous reconnaissons pas dans la cure d’austérité que vous voulez nous imposer ainsi qu’aux collectivités locales, dernier lien de confiance avec la République pour nombre de nos concitoyens. Nous ne nous reconnaissons pas dans la presion sur les chômeurs, la fin des 35h et l’apologie du travail des autres, quand on se garde bien pour soi-même de toute pénibilité.

Nous n’acceptons pas qu’’on réduise les syndicats à de super comité d’entreprise sans poids « politique = chose publique ». Nous ne goûtons guère ni à la course d’esclaves de UBER ni aux cars low-cost qui portent votre nom, qui pratiquent le dumping social, polluent et ruinent des petites lignes ferroviaires, que par ailleurs vos parrains nous imposent de financer.

Nous ne nous reconnaissons guère dans quelqu’un qui a fait si peu, si peu assumé le quinquennat (et c’est un euphémisme au vu de votre comportement lors du débat du 3 mai) alors qu’il l’a inspiré ; parle si vaguement et prétend à tant de pouvoir. Mais nous reconnaissons très bien ceux qui sont derrière vous. Le 7 mai, lors du second tout de l’élection présidentielle, beaucoup ne pouvant en conscience ni s’abstenir, ni voter blanc, ni voter pour vous, voteront gris. Ils prêteront leur vote à votre candidature pour faire barrage au Front National, parti fascisant. La République doit bien être sauvée. Mais, ce vote, ils le reprendront aussitôt, afin de vous imposer une cohabitation avec une gauche rassemblée, qui vous initiera à la politique française et aux difficultés de la vie.

Ainsi, le soir de la défaite de Le Pen, le financier que vous êtes pourra évaluer lucidement son passif et ne pourra pas se croire ni président de tous les Français ni mandaté pour appliquer son programme.

 

La conclusion que je ferai sur ce texte serait sous forme de question : qui le 8 mai sera prêt à imposer à Macron le respect de la République et de la Démocratie tant son projet, si tant est qu’on puisse le définir, tant il s’est esquivé pour en parler et donc le soumettre au débat, est à mille lieux de ceci.